Kergoat lieu de recherche et de création

aube à Kergoat, août 2014

La rénovation

06 août 2014

Prologue

En quête d'un lieu

En quête d'un lieu pour construire un projet d'habitation écologique, j'ai mené une recherche durant plus d'une année. Le périmètre de ma recherche étant assez large, j'ai beaucoup circulé et découvert de nombreuses contrées bretonnes, du Morbihan à la Côte d'Armor, et le plus souvent dans le Finistère. Tous ces déplacements avaient une visée, trouver un lieu possédant les qualités adaptées à un projet bioclimatique, une bonne orientation et un environnement favorable et paisible. Cette étape fut un moment passionnant et enrichissant qui m'a permis de définir plus clairement mes préférences et mes objectifs. Le calme, la qualité silencieuse du lieu se sont révélés comme ma première priorité, ce qui m'a conduit à renoncer à auto-construire entièrement ma maison. Les terrains que je visitais étaient situés au bord des routes, et impliquaient trop de contraintes liées au désastreux nouveau PLU, qui m'apparaît s'opposer à une existence poétique. Je me suis dès lors intéressé à des constructions existantes, bâties sur des terrains plus retirés. C'est ainsi qu'après de nombreuses visites, j'ai découvert le lieu dit Kergoat, situé sur la commune de Scrignac, dans les Monts d'Arrée.

Le lieu qui nous choisit

À la première visite, la façade de trente-cinq mètres de bâtiments, comprenant maison et dépendances, m'est apparue démesurée, trop vaste pour moi. Puis, les visites successives m'ont permis de considérer les qualités intrinsèques du lieu, son grand calme, son silence, ainsi que sa beauté, et peu à peu apprivoiser sa démesure. Assez rapidement, faisant fi des défauts dont j'étais conscient, l'évidence d'avoir trouvé un lieu correspondant à mes attentes a mis un terme à mes recherches immobilières. Les conséquences de cette décision n'étaient pas minces, et les changements du projet furent importants. Exit la maison écologique en bois, parfaitement isolée, proche d'une maison passive, adieu mes plans de l'architecture idéale, désormais je devais composer avec l'existant, et j'allais découvrir bien d'autres contraintes.

Je trouvais des consolations à ce que je n'avais pas choisi, et cherchais des remèdes à certains problèmes. Troquer la pierre contre le bois, c'était une chose, après tout, la dimension patrimoniale a ses atouts. L'inconvénient majeur fut pour moi de devoir vivre dans une maison à étage. L'emplacement et la forme de l'escalier demeurent d'ailleurs à ce stade une question en chantier.

Les enjeux d'une rénovation

Après avoir envisagé une construction neuve, où toute décision repose sur un choix, mener un chantier de rénovation exige d'incessants compromis, parfois la question posée de traduisant non plus en terme de la meilleure solution, mais la moins frustrante. Il est donc primordial de déterminer ses priorités avant de prendre les décisions en terme de démolition, modification, ou construction. La rénovation, de même que la construction neuve, possède une logique de mise en œuvre, qui souvent procède en cascade ; tel ouvrage implique des préalables, et faute de les respecter, on connaitra des impossibilités techniques ou pour le moins de sérieux embarras. Là encore, un certain nombre de prévisions s'imposent.

Un autre défi concerne la gestion financière du projet, les surprises ou les améliorations imprévues s'ajoutent rapidement augmentant les frais parfois de façon conséquente.

Ces mises en garde une fois considérées, la rénovation est une aventure passionnante, riche d'apprentissages de toutes sortes, mais elle reste effectivement une aventure. Un tempérament qui aime tout contrôler ou tout exécuter selon des plans trop précis y sera malheureux. Le point le plus important concerne le cas particulier de l'autoconstructeur. Ce mot est utilisé dans deux sens différents à bien distinguer. Dans un cas, l'autoconstructeur assume le rôle d'un entrepreneur. Bien que certains autoconstructeurs confient leur projet à un architecte, ou collabore avec celui-ci, le plus souvent l'autoconstructeur assume aussi cette étape préalable et décisive : plans, demande préalable ou permis de construire, etc. Puis, lorsque vient à proprement parler le temps du chantier, il faut diriger les artisans, superviser les tâches, veiller à l'approvisionnement des matériaux, voilà déjà un travail qui mobilise bien du temps, et réclame de nombreuses recherches documentaires et techniques. Tout autre est l'engagement pour qui décide d'effectuer le travail de rénovation par lui-même. La plupart du temps, on confie certains postes spécialisés à des professionnels, et on réalise soi-même tout ce qu'on peut faire. tous les autoconstructeurs en témoignent, le point d'achoppement est là : la pénibilité de certaines tâches ainsi que la durée du chantier qui peut paraître interminable. Bien sûr, tout dépend de l'ampleur du chantier, des exigences de la rénovation, des surfaces concernées, et enfin de la nature des travaux à réaliser. À Kergoat, seuls les murs étaient bons à conserver, non sans quelques reprises ça et là, et évidemment les joints à reprendre à de nombreux endroits. Les toitures, les menuiseries, le chauffage, l'électricité et la plomberie, l'assainissement, l'isolation, tout est à faire ici. Et encore, le drainage du terrain, exposé aux pluies, sans oublier l'entretien du terrain conséquent également. Conscient de m'engager pour un chantier de longue durée, afin d'éviter des décisions hâtives et malencontreuses, j'ai commencé par les besognes destructives qui m'ont permis de prendre contact avec le lieu, l'apprivoiser, dégager des espaces et laisser ainsi émerger les idées, faire mûrir mon projet.

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