Kergoat lieu de recherche et de création

Démolition Juillet 2013

La rénovation

06 août 2014

I. " Détruire c'est construire"

La célèbre formule de Michel Bakounine, connue sous une forme abrégée, est plus précise et nuancée, en voici la traduction de Jean-Christophe Angaut : La passion de la destruction est en même temps une passion créatrice. C'est un fait que j'éprouve lorsque, avant d'aborder une étape constructive, je me livre à la destruction avec une satisfaction qui n'a rien de nihiliste car il ne s'agit pas de détruire pour détruire. Balayer, déblayer, la création d'un nouvel espace commence par une phase de démolition.

La barre à mine et la masse

Tels furent mes premiers outils, et mes premiers gestes violents et épuisants, d'autant que je commençais par un jour de chaleur. Une heure plus tôt, j'avais signé, chez le notaire de Huelgoat, le compromis de vente. En accord avec le vendeur, conciliant et confiant dans mon investissement sur le lieu, j'avais exigé de recevoir les clefs de la maison pour y travailler et pouvoir vivre aussitôt sur place. C'est une démarche peu courante, pour la rendre légale, nous avions convenu d'un bail à titre gracieux. J'avais assorti ce programme d'une clause simple, consistant à prévenir le vendeur de mes intentions qu'il devait approuver avant que je n'effectue le travail, ainsi que d'une précaution, je procéderai à la démolition, sans engager les artisans sur le site avant d'être effectivement propriétaire.

J'ai commencé à détruire la dalle de la maison, ou plus exactement, les plots à la chaux qui maintenaient les lambourdes, ou ce qu'il en restait, c'est-à-dire peu de chose ! Puis, ce fut le tour d'un mur de la salle d'eau, et des murets de l'atelier, une ancienne écurie. À ce stade, au bout d'une heure ou deux, j'avais mon compte, ce travail m'asphyxiait quasiment, et provoquait de belles suées. Je passais ensuite à des tâches moins violentes, telles que le décroûtage de l'enduit mural à la chaux, ou encore le désherbage de l'allée. Trente-cinq mètres de façade, laissent le temps d'apprécier la génuflexion. Peu à peu, j'ai pu travailler un peu plus, durablement. Pas plus de deux ou trois jours à suivre au début.

L'angoisse du marteau-piqueur au moment de la percussion

Dès le premier ou second jour, je cassais mon premier manche (en bois) de la masse. Je me procurais un modèle plus robuste, mais la violence des coups portés en proportion de l'efficacité technique était d'un rapport assez médiocre. Je me renseignais donc sur les marteaux-piqueurs. Outil redouté, pour son poids, le bruit et les vibrations. C'est ainsi que je découvris une gamme particulièrement chère, d'outils particulièrement robustes et sécurisants. Bien des gens m'ont conseillé de louer, par économie, de tels outils. J'ai préféré les acquérir pour une raison simple d'économie… physique. L'outil loué, je pouvais le trouver à un peu moins d'une heure de route, et une fois à ma disposition, le principe d'amortissement vise à en faire le plus possible, autrement dit : se bousiller le dos. J'ai donc acquis pour une coquette somme un modèle efficace au poids presque raisonnable de moins de douze kilos. Car s'il est vrai qu'en fonction, on ne porte pas le burineur, il faut toute de même le déplacer constamment, trou après trou. Bref, je suis satisfait de cet achat justifié par les surfaces importantes de dalles à détruire, pour la totalité du chantier. Bien que je n'utilise pas cet outil tous les jours, il me servira encore pour un bon moment. En cas de blocage dans le béton ou la pierre, le moteur s'arrête, évitant tout choc en retour.

Le déblaiement des gravats est effectué à la pelle, et à la brouette. Le tas chaque jour grossit, en longueur, en hauteur. La brouette n'est-elle pas l'outil universel d'un chantier ?

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